Je suis un enthousiaste et je le dis à contre-coeur mais nous n'irons jamais sur Mars. Nous n'irons jamais
nulle part à part la Lune et encore... 
Après les prouesses (et le mot n'est pas trop fort) de Appolo, de Voyager 1 et 2  et de Cassini on se prend
à délirer et dans ce domaine nous avons des spécialistes, par ailleurs dignes de respect pour leur
incommensurable savoir et leur oeuvre en général. Dans le domaine de l'imagination nous avons Stephen
Hawkins  qui tient un auditoire solide et fidèle, spécialiste de la comm, chouchou des médias mais de mon
coté la mayonnaise ne prend pas, je l'estime beaucoup pour sa connaissance en cosmologie et ses
aptitudes en vulgarisation scientifique. Seulement je ne le suis pas dans ses envolées lyrique, son
optimisme débordant dans le domaine de l'extrapolation et du futur de l'humain dans le comos. Je le
soupçonne même de n'être pas totalement honnête à ce sujet...  Faire du commercial, flatter les masses ça
rapporte beaucoup d'argent. Loin de moi l'idée qu'il serait motivé par l'intérêt personnel (bien que les
conditions de vie qui lui sont imposées par son état doivent être lourdes du point de vue pécunier) mais
pour faire avancer la science il faut des sous et des gros sous. Il faut donc s'assurer du support du plus
grand nombre. Or la science n'est pas le scoop du pékin ordinaire qui d'ailleurs est déja submergé
d'information. Ce n'est pas la découverte d'une supernova dans Fornax NGC7213 qui va déclencher un rush
d'adrénaline chez les fans du PSG ni d'apprendre que les raies de sodium dans les étoiles de type O et B
des galaxies récessives sont étrangement décalées vers le rouge qui va faire frissoner les ovaires des
Caissières d'Auchan...  Il faut donc du sensationnel, du rêve, de l'évasion, des promesses d'aventure de
lendemains qui chantent. Rien de meilleurs pour ça que les voyages habités et débarquements en grandes
pompes sur notre belle et petite voisine la planète Mars. Rien de tel que d'entretenir l'obsession de la vie
extra-terrestre, la vie ci, la vie là, les petits hommes verts, les messages radio qu'ils nous envoient et qu'on
s'évertue à détecter, le projet SETI... 
Foutaise et contre-foutaise.

 
Les dimensions du cosmos même lorqu'on s'en tient à la banlieue du système solaire ont de quoi vous faire
exploser la cervelle dès la première tentative...  Pour exemple: Voyager 2 s'approchera de Gliese 445 qui se
trouvera alors à la même distance du système solaire que Alpha Centauri aujourd'hui, c'est à dire 4
années-lumières... DANS 40 MILLE ANS... Pour rappel, la sonde voyage à 50 mille Km/h, soit deux fois la
vitesse initiale d'éjection de la planète Terre.  La plupart des étoiles (et de leur "système solaire") se
situent à 8, 12, 100, 600, 10000 années-lumière... Nous sommes toujours dans la partie visible de notre
galaxie... Pour aller sur le bras opposé au delà du centre galactique la LUMIERE met 100 mille ans... S'il faut
40 000 ans pour faire 4 années lumières à la vitesse de 50 000 Km/h, calculez combien d'années il faudrait
pour aller visiter l'autre coté de notre galaxie... La Galaxie suivante, bien visible à l'oeil nu c'est notre
voisine M31 Andromeda. Elle est si proche que nous sommes gravitationellement liés (ainsi qu'avec les
autres galaxies de notre "groupe") et elle se situe à... 2,5 millions d'années-lumière... Calculez combien de
temps il va falloir pour y aller à la vitesse de 50 mille Km/h... La l'écran d'ordinateur n'est plus assez
grand pour contenir tous les zéros... Dépasser la vitesse de 50 000 Km/h? Emporter les charges énormes
necessaires au déplacement d'un groupe d'hommes dans l'espace, les arracher à la force gravitationelle
terrestre demande une quantité d'énergie considérable que nous ne possédons pas aujourd'hui ni ne
possederons dans un futur proche. Les accélérer à des vitesses supérieures même en se centrifugeant sur
les planètes voisines demandera aussi d'énormes quantités d'énergie, quant à approcher la vitesse de la
lumière cela va rester, avec les "trous de ver" du domaine de la science fiction: La quantité d'énergie requise pour accélerer la petite masse représentée par quelques particules subatomique dans un accelérateur est phénoménale(E=MC² mais je ne sais pas l'écrire à l'envers!) alors accélérer un vaisseau spatial de plusieurs dizaines de tonnes, bonsoir Clara... 

Revenons plutôt à notre planète Mars. 
Supposons que nous soyons assez fortiches pour envoyer 4 gugusses vers Mars et de les y faire débarquer
sans encombres. Déja un certain nombre de questions se pose: Que vont-ils bien foutre une fois
débarqués? Des études, des tests d'accord mais ça, les robots peuvent le faire aussi. Quel est le retour
financier sur l'investissement énorme que cela représente? Va-t-on sur Mars pour y trouver de l'or, de
l'uranium, des terres rares? Mais la plus grosse question est celle ci: 
Aller sur Mars c'est peut être possible mais EN REVENIR? That is the question! Tout être humain qui
quittera notre planète devra obligatoirement s'absenter minimum 2 ans. Si tout se passe bien il aura
alors une courte fenêtre d'opportunité pour décoller et retourner vers la planète bleue. La moindre panne,
le moindre délai et il en reprend pour deux ans. Tout cela veut dire aussi qu'il doit avoir assez d'oxygène
pour deux ans , voire 4 ou les moyens de produire son oxygène à partir d'autres matériaux... Ne
mentionnons pas la nourriture, l'eau, les carburants (Le carburant et le comburant pour le retour peuvent
rester en orbite avec le véhicule-mère), les vêtements préssurisés (l'atmosphère de  Mars est 10 fois plus faible que celle de la Terre et ne contient que du CO²), l'outillage, les appareils électroniques, l'infrastrucure pour entretenir, réparer, l'assistance médicale, les accidents, les problèmes de santé imprévus, les pannes, les mille et une choses qui peuvent à tout moment virer en forme de poire... . Miner la planète Mars? Alors il va falloir
construire une ligne de chemin de fer vers Terra Nostra pour y acheminer le minerai... On est en plein
délire...
Seule une humanité unie et extrêmement riche et prospère pourrait peut être après bien des années et des
décénies mettre en oeuvre un tel projet. Or nous sommes bien loin d'être une entité unie et singulière
avec un objectif commun. Depuis les débuts de la "globalisation" au 16e et 19e siècle avec les conquêtes
coloniales nous avons littéralement ravagé notre planète. Nous sommes constamment en guerre, nous
sommes divisés en races, religions, idéologies avec des visions du futur toutes plus difféentes et
fantaisistes les unes que les autres. Un quart de l'humanité ne mange pas correctement, n'a pas d'eau
potable, souffre de maladies et de parasites, vit dans des conditions post-apocalyptiques et croit au surnaturel. 
Nous sommes criblés de problèmes dûs à la surpopulation (bien que ce sujet soit systèmatiquement passé
sous silence), la mauvaise répartition des richesses, nous consacrons la majeure partie de notre
technologie à résoudre des problèmes engendrés par la technologie... Le programe des priorités que nous
allons devoir résoudre par notre science et notre technologie est en train de se décaler de plus en plus vite
vers le rouge, pour rester dans les analogies de circonstance. Nous vivons depuis quelques décennies avec
le spectre nouveau du réchauffement global contre lequel nous sommes tout aussi incapable de nous unir
pour une mettre au point solution planètaire.
Pour l'instant la frange d'humanité qui a accès à l'éducation, à la science et à la technologie, supportée par
les populations des pays prospères est capable de prouesses  et cela va continuer. Nous avons la capacité
d'envoyer des robots de plus en plus sophistiqués vers les planètes de notre système solaire. Il reste
beaucoup à découvrir dans notre banlieue et le futur à mon avis se tient là. Robots et drones n'ont pas
besoin de revenir, leurs images, leur données nous arrivent en temps réel (ou presque à quelques minutes
près pour Mars et quelques heures pour les planètes lointaines). Des images 3D de plus en plus nettes vont  
régaler les scientifiques et le grand public. En cas de rata ou de désastre nous pleurerons sur le gâchis
mais aucune vie humaine ne sera sacrifiée. Voyager 2 a été lancé avec la technologie de l'époque, c'est à
dire avec des ordinateurs gros comme des armoires dont la puissance ne dépassait pas celle d'un
smartphone à 300 Eu aujourd'hui! Il y a à bord de cette sonde un programe écrit sur CASSETTE...
Imaginons alors un instant ce que l'on peut faire dans ce domaine aujourd'hui et ce qu'on fera demain! Les téléscopes de 10 mètres et plus et le téléscope spatial de 6,5m Webb  seront un autre puissant moyen d'exploration et les données qu'ils nous fourniront procureront du travail aux astronomes pour des années à venir. Hubble nous a gâté comme aucun instrument auparavant et a mis l'astronomie dans les salons. Il y a encore de la place pour l'optimisme mais un optimisme raisonné basé sur du réel for God's Sake...

 

Frogmobile Aout/2015