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Mon grain de sel: Opinions et commentaires politiquement incorrects

Le Tigre et le Barbecue


Un jour j'ai vu un film mexicain particulièrement troublant (et excellent par ailleurs) sur l'horreur quotidienne de la vie conditionnée par la présence des gangs narco et de la police vassalisée par ces organisations barbares. Les violence inouies faites aux femmes et en particulier aux jeunes filles enlevées et qu'on retrouve un peu plus tard au bord d'une route poussièreuse sous la forme de corps mutilés et méconnaissables. Il s'agit en l'occurence d'une violence bien spécifique: La violence masculine gratuite, d'origine sexuelle dépravée. Dans ce film une policière très courageuse décide de mener un combat perdu d'avance contre ces mafias et lors d'un passage particulièrement dense du narratif elle cite cette parabole: 
" Un jour un tigre s'est invité au barbecue. Panique, les gens crient, les gens s'enfuient.  Le tigre satisfait de quelques beaux morceaux de viande et de saucisses repart d'où il était apparu. Toute la ville et les journaux en parlent le lendemain. La vie reprend son cours et une semaine plus tard, lors d'un autre barbecue joyeux et convivial, le tigre réapparait, vole quelques morceaux et repart. Les gens crient, les gens s'enfuient mais un peu moins vite que la première fois. Les journaux titrent cette fois en bas de page de la une. Le samedi suivant, barbecue, tigre, les gens s'écartent, laissent le tigre prendre sa proie et le lendemain le fait est relaté dans le jounal local mais en deuxième page. Le tigre au barby n'est plus un scoop. Les samedis se succèdent, les barbecues aussi, le tigre fait maintenant partie du rituel, il vient, il voit, il prend et disparait. Les gens ont plus ou moins réservé un peu de viande pour le tigre et s'écartent tout en continuant la conversation lorsqu'il apparait". 
On s'habitue à toutes les situations. Charlie Hebdo c'était LE scoop. Ensuite il y a eu le Bataclan, 130 morts dans Paris, c'était pas mal non plus comme attentat, on en a beaucoup parlé mais il n'y a pas eu de grande kermesse républicaine comme après l'attentat de Charlie. Ensuite il y eu le camion blanc à Nice. 85 morts ce n'état pas anodin non plus et puis on découvrait un nouveau style chez les Islamistes. La encore une certaine émotion mais la fatique commence à se faire sentir. Demain il y aura boulot comme d'hab et samedi soir Nantes-Bordeaux en demi finale.. A chaque fois on réagit sans reagir... Comme s'il s'agissait d'une fatalité, comme d'un tremblement de terre ou autre catastrophe naturelle. Un rituel standardisé se met en place au lendemain de l'horreur. Le rituel des mains jointes, des minutes de silence, des bougies... Les derniers attentats d'avortons amateurs ne faisant "que quelques morts" ne font plus grande recette dans les média ni ne suscitent tant d'émotion dans les chaumières. Quant aux attentats déjoués on dirait qu'ils ne comptent pas dans la conscience collective. Mais ces attentats évités de justesse grâce à nos services secrets et nos polices CE SONT AUSSI DES ATTENTATS. S'ils n'ont pas fait de mort ce n'est pas grâce aux Islamistes. Notre ancien premier ministre a bien donné le ton en disant cette phrase laconique dont je mesure la signification historique: "Il y aura d'autres attentats".  Les Islamistes ne sont même plus des Islamistes mais des "terroristes". Un terme passe partout et totalement vide de sens politique. Mon père était un "terroriste", il a tiré sur les Allemands et sur les Français de la Milice. La situation dangereuse et humiliante où nous nous trouvons face à la haine islamiste n'a pas fait le buzz non plus aux eléctions présidentielles. Pas même un questionnement sur la necessité de notre présence dans les conflits du moyen Orient. 
Tueurs de l'Islam politique vous n'aurez pas ma haine? Mais on ne se prive pas de vomir sa haine décomplexée des français "réactionnaires" qui osent tant soit peu émettre une opinion contraire aux seules idées admissibles dans notre société post-moderne et soi-disant multiculturelle. Car le champs des idées admissibles dans notre société soi-disant démocratrique s'est réduit comme une véritable peau de chagrin ces dernières décénies. L'illusion d'une société libre et démocratique aux idées plurielles est entretenue par le fait que l'on puisse plus ou moins librement parler de tout, à condition de rester bien sagement dans les limites de ce champs autorisé. Comme un oiseau captif est libre de voler aux quatre coins de sa volière. 

Tout ne va pas si mal dans le meilleur des mondes: Le Tigre va manger quelques saucisses quelque part ailleurs et me laisser vivre ma vie...

Frogmobile 11 mai 2017

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